Depuis le Moyen Âge, dans des régions viticoles françaises – y compris en Champagne – , les vignes étaient cultivées de façon désordonnée (pieds de vigne non alignés contrairement à aujourd’hui) et à une densité élevée (environ 50 000 à 60 000 pieds par hectare). Ce phénomène était désigné sous le terme de « vigne en foule » et nous avons reproduit cette façon de cultiver en bordure de notre siège d’exploitation (voir photo ci-dessous) pour pouvoir montrer cette méthode de culture ancestrale et séculaire à nos clients.
En réalité, les vignes étaient plantées en rangs à forte densité dès l’installation initiale (avec un espacement de 1 mètre par 0,80 mètre), et c’est le provignage/ marcottage 1pratiqués chaque année qui aboutissaient à cette densité de 50 000 à 60 000 ceps par hectare, donnant aux vignobles cet aspect irrégulier.
Vue depuis notre salle de dégustationVignes « en foule »Piquets bois à l’ancienne !
Cette méthode, héritée du Moyen Âge, fut progressivement abandonnée : partiellement à la fin du 19ᵉ siècle, puis totalement au cours du 20ᵉ siècle, lors de la replantation des vignobles consécutive à la crise du phylloxéra2 et à l’apparition du mildiou et de l’oïdium, situations pour lesquelles il était nécessaire d’accéder aisément aux vignes pour les soigner efficacement au cuivre et au soufre, mais aussi de faire pousser les pieds de vignes de la façon la plus aérée possible.
Par ailleurs, le lien entre la densité de plantation et les profils aromatiques des vins est très modulable, puisque la typicité d’un vin ne dépend pas uniquement du nombre de pieds par hectare.
Le marcottage est une méthode de multiplication des végétaux par la rhizogenèse (développement de racines) sur une partie aérienne d’une plante mère. ↩︎
Maladie de la vigne provoquée par un puceron microscopique. Elle est provoquée par un parasite de la vigne d’origine américaine et fit des ravages dans de nombreux vignobles de France, notamment en Champagne . ↩︎
L’histoire de la découverte de la vinification remonte à des milliers d’années, et elle est enveloppée de mystère et de légendes.
Un heureux hasard
La découverte de la vinification est certainement le résultat d’un heureux accident. Il est probable que nos ancêtres, dans leur quête de nourriture, aient cueilli des grappes de raisin et les aient conservées dans des récipients naturels, tels que des jarres ou des peaux d’animaux, pour les transporter ou les stocker. Au fil du temps, les raisins ont commencé à fermenter naturellement en raison des levures présentes dans l’environnement, transformant le jus sucré en un liquide alcoolisé.
Les premiers producteurs de vin ont sans doute remarqué les effets de la fermentation et ont expérimenté différentes méthodes pour produire délibérément du vin. Ils ont probablement découvert que presser les raisins pour en extraire le jus avant de le laisser fermenter conduisait à un produit plus régulier et prévisible.
Origine géographique & datation
Les archéologues s’accordent à établir que la « culture du vin » a débuté dans la période comprise en -8000 et -4000, c’est-à-dire au Néolithique, dans les montagnes du Proche-Orient, quelque part entre la Turquie orientale actuelle et le nord-ouest de l’Iran.
Pépins de raisin datant du néolithique, retrouvés en Géorgie (Caucase)
C’est dans cette région que l’on rencontre la plus grande diversité génétique de la vigne, là aussi que, fort probablement, se produisit le passage de la vigne sauvage à la vigne cultivée. Des pépins de raisins ont été retrouvés sur de nombreux sites archéologiques, à la fois dans une forme sauvage et dans une forme caractéristique de l’espèce domestiquée.
La vigne a certainement été importée depuis les régions montagneuses du nord, où l’on a découvert des jarres contenant des résidus d’acide tartrique.
Le vin provient dans un premier temps des régions montagneuses entourant les plaines de Mésopotamie, ensuite la Syrie et l’Arménie fournissent l’essentiel du vin consommé. Denrée chère, le vin était une boisson de luxe destinée aux souverains.
Prémices de la vinification
Un texte du roi de Lagash évoque dès -2340 la construction d’une réserve abritant des jarres de « bière des montagnes », c’est-à-dire de vin. Le Code Hammourabi (vers -1750) en réglementera la vente. Mises au jour à Mari (ville située sur l’Euphrate en amont de Babylone), des archives datées de la même époque font état de son commerce et traitent de ses manipulations : transvasement, soutirage, sélection, filtrage, mélanges… Toutefois aucun des textes qui nous sont parvenus ne fait mention de culture de la vigne ou de procédés de vinification
Au fur et à mesure que les connaissances et les techniques se sont développées, la vinification est devenue une pratique plus sophistiquée, avec l’introduction de différents types de récipients pour la fermentation et le vieillissement, ainsi que des méthodes de contrôle de la fermentation et du processus de vinification dans son ensemble.
Bien que les détails exacts de la découverte de la vinification soient perdus dans les méandres de l’histoire, il est clair que cette pratique a joué un rôle important dans de nombreuses civilisations anciennes, de la Mésopotamie à l’Egypte, en passant par la Grèce et Rome.
Originaire donc du nord du croissant fertile, la vigne cultivée progresse vers le sud pour atteindre la vallée jordanienne vers -4000, l’Égypte et la Mésopotamie vers -3000, la Grèce vers -2500.
Extension de la viticulture à la méditerranée
Puis les grecs ont étendu de la vigne autour du bassin méditerranéen (Sicile petite Grèce, Etrurie, etc). L’implantation de colonies grecques à Bandol, Nice et Marseille a développé la vigne en France.
Implantation des colonies grecques en Méditerranée
Aujourd’hui, la vinification est devenue une industrie mondiale complexe et diversifiée, mais elle trouve toujours ses racines dans cette humble découverte accidentelle il y a des milliers d’années.
Après la signature de l’armistice à la sortie du « wagon de l’Armistice » du train d’état-major du maréchal Ferdinand Foch (deuxième à partir de la droite).
Nous sommes aujourd’hui le 11 novembre 2018. Il y a 100 ans, jour pour jour, à 11 heures, sonnaient en France des volées de cloches et des sonneries de clairons annonçant la fin d’une guerre qui fit pour l’ensemble des belligérants plus de 18,6 millions de morts, invalides et mutilés, dont 8 millions de civils. Les représentants allemands et alliés se réunissent dans un wagon-restaurant aménagé provenant du train d’état-major du maréchal Foch, dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne. Plus tard, le , à Versailles, est signé le traité de paix, qui met réellement fin à l’état de guerre
Notre département a fort souffert de cette cette première guerre, avec notamment la « Bataille de la Marne » qui sonna la première confrontation franco-allemande. Plus localement, notre village de Fleury La Rivière subit également les conséquences de la « Grande Guerre » avec, sur ses 210 maisons de l’époque, 138 détruites par les obus, brûlées ou démolies. Le village possédait également le « Hameau de Beauregard », pourvu d’un château et situé au-dessus du village, direction Reims : Il fut détruit il y a également un siècle en 1918 pendant les bombardements.
Aujourd’hui, à la place de ce hameau, poussent des pieds de vigne qui apportent la paix aux hommes qui y croient. Nous avons ce jour une pensée particulière aux Hommes des 5 continents morts pour la liberté de notre pays, la France.
En bas à droite, ancien emplacement du Hameau de Beauregard de Fleury-La-Rivière.