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Le Blog du Champagne Arthur MARC
De La Richesse De La Terre Naît La Richesse Aromatique Des Champagnes Marc.
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Depuis le Moyen Âge, dans des régions viticoles françaises – y compris en Champagne – , les vignes étaient cultivées de façon désordonnée (pieds de vigne non alignés contrairement à aujourd’hui) et à une densité élevée (environ 50 000 à 60 000 pieds par hectare). Ce phénomène était désigné sous le terme de « vigne en foule » et nous avons reproduit cette façon de cultiver en bordure de notre siège d’exploitation (voir photo ci-dessous) pour pouvoir montrer cette méthode de culture ancestrale et séculaire à nos clients.
En réalité, les vignes étaient plantées en rangs à forte densité dès l’installation initiale (avec un espacement de 1 mètre par 0,80 mètre), et c’est le provignage/ marcottage 1 pratiqués chaque année qui aboutissaient à cette densité de 50 000 à 60 000 ceps par hectare, donnant aux vignobles cet aspect irrégulier.



Cette méthode, héritée du Moyen Âge, fut progressivement abandonnée : partiellement à la fin du 19ᵉ siècle, puis totalement au cours du 20ᵉ siècle, lors de la replantation des vignobles consécutive à la crise du phylloxéra2 et à l’apparition du mildiou et de l’oïdium, situations pour lesquelles il était nécessaire d’accéder aisément aux vignes pour les soigner efficacement au cuivre et au soufre, mais aussi de faire pousser les pieds de vignes de la façon la plus aérée possible.
Par ailleurs, le lien entre la densité de plantation et les profils aromatiques des vins est très modulable, puisque la typicité d’un vin ne dépend pas uniquement du nombre de pieds par hectare.
L’histoire de la découverte de la vinification remonte à des milliers d’années, et elle est enveloppée de mystère et de légendes.

La découverte de la vinification est certainement le résultat d’un heureux accident. Il est probable que nos ancêtres, dans leur quête de nourriture, aient cueilli des grappes de raisin et les aient conservées dans des récipients naturels, tels que des jarres ou des peaux d’animaux, pour les transporter ou les stocker. Au fil du temps, les raisins ont commencé à fermenter naturellement en raison des levures présentes dans l’environnement, transformant le jus sucré en un liquide alcoolisé.
Les premiers producteurs de vin ont sans doute remarqué les effets de la fermentation et ont expérimenté différentes méthodes pour produire délibérément du vin. Ils ont probablement découvert que presser les raisins pour en extraire le jus avant de le laisser fermenter conduisait à un produit plus régulier et prévisible.
Les archéologues s’accordent à établir que la « culture du vin » a débuté dans la période comprise en -8000 et -4000, c’est-à-dire au Néolithique, dans les montagnes du Proche-Orient, quelque part entre la Turquie orientale actuelle et le nord-ouest de l’Iran.


C’est dans cette région que l’on rencontre la plus grande diversité génétique de la vigne, là aussi que, fort probablement, se produisit le passage de la vigne sauvage à la vigne cultivée. Des pépins de raisins ont été retrouvés sur de nombreux sites archéologiques, à la fois dans une forme sauvage et dans une forme caractéristique de l’espèce domestiquée.
La vigne a certainement été importée depuis les régions montagneuses du nord, où l’on a découvert des jarres contenant des résidus d’acide tartrique.


Le vin provient dans un premier temps des régions montagneuses entourant les plaines de Mésopotamie, ensuite la Syrie et l’Arménie fournissent l’essentiel du vin consommé. Denrée chère, le vin était une boisson de luxe destinée aux souverains.
Un texte du roi de Lagash évoque dès -2340 la construction d’une réserve abritant des jarres de « bière des montagnes », c’est-à-dire de vin. Le Code Hammourabi (vers -1750) en réglementera la vente. Mises au jour à Mari (ville située sur l’Euphrate en amont de Babylone), des archives datées de la même époque font état de son commerce et traitent de ses manipulations : transvasement, soutirage, sélection, filtrage, mélanges… Toutefois aucun des textes qui nous sont parvenus ne fait mention de culture de la vigne ou de procédés de vinification
Au fur et à mesure que les connaissances et les techniques se sont développées, la vinification est devenue une pratique plus sophistiquée, avec l’introduction de différents types de récipients pour la fermentation et le vieillissement, ainsi que des méthodes de contrôle de la fermentation et du processus de vinification dans son ensemble.
Bien que les détails exacts de la découverte de la vinification soient perdus dans les méandres de l’histoire, il est clair que cette pratique a joué un rôle important dans de nombreuses civilisations anciennes, de la Mésopotamie à l’Egypte, en passant par la Grèce et Rome.


Originaire donc du nord du croissant fertile, la vigne cultivée progresse vers le sud pour atteindre la vallée jordanienne vers -4000, l’Égypte et la Mésopotamie vers -3000, la Grèce vers -2500.
Puis les grecs ont étendu de la vigne autour du bassin méditerranéen (Sicile petite Grèce, Etrurie, etc). L’implantation de colonies grecques à Bandol, Nice et Marseille a développé la vigne en France.

Aujourd’hui, la vinification est devenue une industrie mondiale complexe et diversifiée, mais elle trouve toujours ses racines dans cette humble découverte accidentelle il y a des milliers d’années.
Article écrit après avoir recoupé différentes sources fiables dont celles de l'INRAP.
Pour aller plus loin, rendez-vous sur :
https://www.inrap.fr/dossiers/Archeologie-du-Vin/home
Les saints de glace sont une période climatologique située, selon les observations populaires européennes du Haut Moyen Âge, autour des dates des fêtes de saints catholiques : Saint Mamert, Saint Pancrace et Saint Servais, traditionnellement célébrées les 11, 12 et 13 mai de chaque année. À cette époque, les gens constatèrent que cette baisse des températures intervenait toujours à la même période, pouvant aller jusqu’au gel. Les gens très croyants à l’époque invoquaient alors les Saints pour protéger les cultures.
Les scientifiques ont évidemment une autre interprétation et considèrent, grâce à des observations astronomiques, que la Terre arrive, à cette période de l’année, dans un espace où les poussières stellaires seraient plus importantes et la poussière ferait très légèrement obstacle aux rayonnements solaires. La Terre traverserait à nouveau un nuage de poussière six mois plus tard, le 11 novembre, avec l’effet inverse. Une diffusion du rayonnement solaire sur la Terre en plus du rayonnement direct qui amènerait « l’été Indien » (début octobre ou novembre).
Dictons :
Le 11 mai : « Attention, le premier saint de glace, souvent tu en gardes la trace« ,
Le 12 mai : « Saint Pancrace souvent apporte la glace« ,
Le 13 mai : « Avant saint Servais point d’été, après saint Servais plus de gelée«
Cette croyance nous est également utile à nous les vignerons : cette deuxième quinzaine de mai où se situent les dernières nuits froides de la fin d’hiver reste un repère pour nous rappeler quand la période de gel se termine. En effet, la vigne étant actuellement dans sa phase de croissance végétative, une gelée viendrait compromettre tout ou partie de la future récolte.

Cette nuit il y a eu du vent donc pas de gelée, +2 ° dans notre vigne des « Tarons » qui est une vigne en basse altitude (plus de risques). Donc ça devrait aller cette année !
Bon saints de glace à tous, bon jardinage !
Puisque les ventes de Champagne sont reportées pour le moment, le temps du confinement, nous portons l’essentiel de notre attention sur la viticulture depuis une dizaine de jours.
En cette fin de semaine, ce fut le moment d’épandre l’engrais organique, avant que la vigne commence à pousser. En effet, vu que nous lui demandons un certain rendement (environ 10.000 kg de raisons par hectare), elle est comme nous, elle a besoin de se nourrir : pas de nourriture, pas de raisins !
DE LA CHIMIE
L’engrais que nous épandons au tracteur (voir vidéo ci-dessous) se modifie peu à peu au cours de la saison sous l’action de bactéries qui transforment l’ammoniac (NH3) en nitrite (NO2–), puis en nitrates (NO3–), au cours du processus de nitrification. Ainsi la vigne est nourrie lentement.

ET AVANT ?
Nous n’épandons cet engrais qu’une fois par an et nous avons toujours épandu de l’engrais organique, même du temps de notre grand père où les vignes étaient enrichies par le fumier des vaches et des chevaux : Cet engrais très concentré était utilisé avec parcimonie à l’époque car s’ il y en avait trop cela favorisait la pourriture grise sur les raisins.
ENVIRONNEMENT
Le fait de broyer les sarments de vigne nous permet d’économiser environ 10 à 15 unité d’azote par hectare, par contre comme nous avons désormais des sols enherbé dans nos vignes, l’herbe consomme une partie de l’engrais destiné à la vigne. On a rien sans rien mais l’art du vigneron est aussi de cultiver la terre dans le respect des sols.
Bon courage à tous dans cette période de trouble !
Le Champagne MARC
L’ouvrage médiéval « Les Très Riches Heures du duc de Berry » est un livre d’heures et un calendrier, commandé par le duc Jean Ier de Berry. Au sein du calendrier, au mois de mars, on y voit représentée la taille de mars.
Cette peinture représente une scène de travaux agricoles. Chaque champ contient une étape différente des travaux, tous séparés par des chemins se croisant au niveau d’un édicule appelé montjoie. Au second plan, des vignerons (ou closiers*) taillent et sarclent la vigne en foule** avec houe et serpette dans un enclos à gauche et labourent le sol à l’aide d’une houe pour aérer le sol : ce sont les premières façons de cultiver la vigne.

En province, comme d’ailleurs en Bourgogne (sauf dans la région de Chablis) et dans le Jura, la vigne en foule présente avec ses ceps en désordre une apparence très particulière, déroutante pour qui est accoutumé aux vignobles dont les lignes sont tirées au cordeau. En réalité, pour établir la vigne en foule on plante en rangs réguliers espacés de 0,80 m à 1 m (selon la tradition, on arrose avec du champagne le dernier cep planté) mais ensuite on pratique deux opérations qui vont détruire petit à petit cette belle ordonnance, le provignage et l’assiselage. (Source : CIVC).
Cet ouvrage est commandé par le duc aux frères Paul, Jean et Herman de Limbourg vers 1410. Inachevé à la mort des trois peintres et de leur commanditaire en 1416, le manuscrit est probablement complété, par un peintre anonyme. Certains historiens de l’art y voient la main de Barthélemy d’Eyck. En 1486, il est achevé dans son état actuel par le peintre Jean Colombe pour le compte du duc de Savoie. Acquis par le duc d’Aumale en 1856, il est toujours conservé dans son château de Chantilly, dont il ne peut sortir, en raison des conditions du legs du duc.
*exploitants d’une closerie, petite exploitation rurale
** Vignoble planté sans ordre apparent et en grande densité (50000 à 60000 pieds par hectare en moyenne). Cette méthode ancestrale fut abandonnée au 20e siècle suite à la replantation du vignoble consécutive à la crise phylloxérique.
PRINCIPE
Comme tous les fruitiers, la vigne est dotée de rameaux à fruits (appelés sarments) et de rameaux qui ne donneront rien (charpente). L’ébourgeonnage consiste à sélectionner et enlever les bourgeons qui freineraient le bon rendement de la vigne. En effet, à quoi sert-il de conserver de futurs brins dépourvus de fruits, gourmands en eau, en substances nutritives et en énergie ? Si dés le départ ils sont supprimés, le développement des brins à fruits est favorisé et le rendement de la vigne est meilleur. Cela permet également d’aérer les raisins : c’est une opération prophylactique qui permet de préserver la santé de la vigne plus facilement … et de récolter de plus beaux raisins !
TECHNIQUE
Cette opération a lieu au printemps, en mai, et fait appel à l’œil expérimenté du vigneron :
Cette année, avec les coups de chaleur printaniers
Depuis les années 60, on utilise la « brouette à feu », dans laquelle est entretenue une flamme permettant de brûler sur place les sarments fraîchement coupés. Cet outil d’une simplicité désarmante a été conçu en 1964 par M. Michel Jeanneteau, constructeur en matériel viticole à Saint-Martin-d’Ablois.
Sa structure en fer a la forme d’une brouette ayant pour roue une jante de bicyclette et supporte un fût métallique de 100 à 200 litres, souvent un vieux fût à essence, disposé à l’horizontale, ouverte, avec les bords écartés à la verticale. La partie basse est percée de trous assurant le tirage du foyer et, et après utilisation, l’évacuation des cendres.
On allumait un feu dans la brouette et on y jettait les sarments au fur et à mesure qu’on les coupait, la déplaçant avec nous tous les deux ou trois ceps pour l’avoir toujours à proximité. On n’avait donc plus à procéder au ramassage des sarments et si nous éprouvions parfois quelque gêne à cause de la fumée, ou quelque peine à bouger la brouette par temps humide sur un terrain en forte pente, nous bénéficions en échange d’un chauffage appréciable, surtout en plein hiver lorsqu’il gèle en journée. Sur notre exploitation, mon père avait, dans les années 60, un « traineau » en métal pour évacuer les sarments : Etant enfant, c’est moi qui aidait mon père en allant déposer les sarments en tas, en dehors de la vigne. Nous les brûlions ensuite.
Depuis quelques années, le brûlage des sarments fait l’objet d’une interdiction, avec une tolérance les jours de faible pollution atmosphérique. La raison de cette interdiction porte également sur la déperdition de la matière organique brûlée, alors que celle-ci pourrait profiter au sol et à la vigne en étant broyée. Les sarments broyés au contact du sol forment une sorte d’humus. D’où le recours à moins d’engrais. Depuis mon installation sur l’exploitation, en 1975, nous broyons les sarments grâce à un broyeur attelé au tracteur (voir photo).
Patrice MARC